mardi 17 novembre 2009

Tout ce que vous devez savoir pour arrêter de fumer



Cinq millions de morts par an, 11 000 chaque jour : La cigarette est le seul produit de consommation dont l’utilisation tue directement............

Le nombre de décès devrait atteindre 8,4 millions en 2020 et 10 millions en 2030. Toute personne qui fume tous les jours doit être considérée comme fumeuse régulière. 80% des fumeurs sont des consommateurs réguliers et sont dépendants du tabac. En moyenne, 1 fumeur régulier sur 2 meurt prématurément des conséquences de son tabagisme. La moitié de ces décès se situe entre 35 et 69 ans.

Pour le Pr Taoufi FAASY Fehri, chef de service de pneumologie à l’hôpital Ibn Sina, ces données sont très alarmantes et doivent inciter, décideurs politiques, professionnels de santé et citoyens fumeurs et non fumeurs à déclarer la guerre, en usant de tous les moyens, pour stopper l’avancée de cette hécatombe qui hypothèque l’avenir de notre jeunesse.

Dans cet entretien avec la rédaction médicale de l’opinion, ce spécialiste des maladies pulmonaires et qui travaille vivement pour le développement des techniques de sevrage tabagique au Maroc, brosse un tableau sur l’ampleur de ce fléau dans notre pays et traçce quelques pistes pour aider ceux et celles qui veulent arrêter de fumer

Pourquoi le tabagisme est-il un probleme de santé publique ? Le tabagisme est un problème de santé publique dans le monde et au Maroc : Il est responsable de nombreuses maladies et il fait partit des principales causes de décès dans le monde.

On estime à 5 millions le nombre de décès imputables au tabac dans le monde, chaque année. En France, on évalue ce chiffre à 60 000 par an.

Le tabagisme entraine aussi un absenteïsme important et un cout financier non négligeable pour la société.

Connaît-on les chiffres du tabagisme au Maroc ?

On peut estimer le taux global de fumeurs au Maroc à 18% de la population. Mais ces chiffres varient énormément en fonction du sexe et du niveau d’éducation :

Hommes : 32% Femmes : 3.3 %

Plus les femmes ont un niveau d’éducation élevé (études supérieures), plus le tabagisme augmente ; chez l’homme, on obseve l’inverse.

Le marocain fumeur dépense en moyenne 20 dirhams par jour pour sa cigarette.

Rapportée à la population globale du Maroc, la consommation est estimée à plus de 700 cigarettes par an et par habitant.

Quel l’état actuel de la législation au Maroc ?

Elle repose sur le Dahir 1-95-110 publié en 1995 dans le BO. Ce dahir stipule :

1. l’interdiction de la publicité pour le tabac,

2. l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

Actuellement, seul le premier point est appliqué.

La Maroc a également signé en 2004 la convention cadre de l’OMS, mais ne l’a pas encore ratifié.

De quoi se compose la fumée de tabac ?

Une cigarette contient plus de 2500 produits chimiques, la plupart toxiques pour l’organisme.

On retrouve :

LA NICOTINE : après inhalation de la fumée, elle atteint le cerveau en 5 secondes ! C’est elle qui entraine la dépendance physique et psychologique. C’est un poison violent : 8 gouttes de nicotine pure peuvent tuer un cheval en quelques minutes. Elle est aussi responsable des effets cardio-vasculaires du tabac.

LE CO (monoxyde de carbone) : gaz toxique qui se fixe sur l’hémoglobine à la place de l’oxygène. Il a aussi des effests nocifs sur le système cardio-vasculaire.

LES GOUDRONS : ils sont responsables des differents cancers, surtout le cancer du poumon.

LES IRRITANTS : ils diminuent les défenses immunitaires et favorisent les infections.

Mais on retrouve aussi de charmantes molécules comme la dioxine, l’arsenic le cadmium et bien d’autres.

Le tabac est surtout toxique pour les poumons (cancer et bronchite chronique), qu’en est-il des autres organes ?

Le risque principal du tabagisme, c’est le cancer du poumon (le seul cancer qui peut être prévenu, mais aussi le plus difficile à soigner quand il est là). A peu près au même niveau on retrouve les affections cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral hypertension artérielle), ainsi que les maladies respiratoires chroniques (bronchite chronique et emphysème).

Mais on retrouve aussi de nombreuses autres affections : artérites des membres inférieurs (compliquées parfois d’amputation), troubles gastriques, diminution de la mémoire, de l’acuité visuelle, de la libido. Il faut aussi noter les complications de la grossesse et de l’accouchement chez les fumeuses.

Quels sont les intérêts du sevrage tabagique ?

C’est bien sûr, éviter toutes les maladies que l’on vient de citer (prévéntion primaire), ou éviter leur complications ou leur aggravation quand elles sont déjà apparues (prévention secondaire).

Dans le premier cas, il a été scientifiquement prouvé que l’arrêt du tabac diminuait les risques de develloper ces maladies.

On peut aussi améliorer son état général en arrétant de fumer :

* Amélioration du souffle et de l’endurance, * Amélioration du gout et de l’odorat, * Teint plus clair, haleine plus fraiche, * Amélioration de la libido, * Donc : amélioration de la qualité de vie.

Certains bénéfices de l’arrêt du tabac sont parfois immédiats : l’oxygène dans le sang revient à la normale en 8 heures après le sevrage et le CO est éliminé en 24 heures.

Lorsque l’on fume depuis plusieurs années, n’y a-t-il pas un moment au-delà duquel il est trop tard pour arrêter de fumer ? NON ! Quelque soit l’ancienneté du tabagisme, il y a toujours des bienfaits l’arrêt.

Je ne fume que 5 cigarettes par jour, le risque pour les poumons et le cœur est donc minime... NON ! Le risque est moindre, mais il existe : en médecine on quantifie le tabagisme en paquet/année, c’est la quantité fumée totale qui compte.

La fumée d’autres fumeurs (tabagisme passif) pourrait-elle être nocive pour les non-fumeurs ?

Absolument ! Cela aussi aussi a été démontré : la fumée des autres fumeurs est tout aussi nocive chez les non fumeurs, surtout chez les enfants. On dit souvent : parents fumeurs/enfants tousseurs.

Comment peut-on lutter contre le tabagisme ?

1. Empêcher les jeunes de fumer

2. Aider les fumeurs à arrêter

Interdire la publicité, interdire la vente aux mineurs, augmenter le prix du paquet de cigarettes, campagnes de prévention et d’éducation dans les établissements scolaires.

Par des mesures individuelles comme les consultations d’aide au sevrage tabagique ou par des mesures plus générales : appliquer et durcir la législation, interdiction de fumer dans les lieux publics, campagnes d’information dans les médias. Pendant une consultation d’aide au sevrage, on évalue la dépendance au tabagisme ainsi que la motivation. Quand la personne est décidée, on propose un accompagnement médical, diététique et parfois psychologique. On peut souvent s’aider de substituts nicotiniques (path, gommes, spray) ou de médicaments qui vont diminuer l’accoutumance ainsi que les effets secondaires du sevrage.

Qu’appelle-t-on le conseil minimal ?

Si à chaque consultation, quel que soit le motif, chaque médecin pose à son malade 2 questions …1-Fumez-vous ? 2-Voulez-vous arrêter de fumer ? … on peut augmenter le pourcentage d’arrêts définitifs de 2 à 5%.

Le tabac rapport-il de l’argent à l’état ?

NON, c’est un mythe ! Par exemple, en France, les recettes fiscales du tabac ont rapporté 11 milliards d’euros en 2002, mais dans la même année, l’état a dépensé 28 milliards d’euros en soins.

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